Ensemble des activités numériques
Les arbitrages entre faire et faire faire concernent les activités, ou les parties d’activités, à réaliser par des professionnels du numérique.
Choisir de réaliser en interne une activité numérique, en totalité ou en partie, nécessite de mettre en place et de faire vivre un dispositif interne de réalisation : professionnels du numérique, organisation, processus, méthodes, informations, outils numériques... C’est un choix stratégique, qui a souvent des conséquences importantes pour l’entreprise, en termes d’indépendance, de flexibilité, de sécurité, de coût, de protection du secret industriel, de positionnement dans la chaîne de valeur du produit ou du service. Il n’exclut pas de recourir à des fournisseurs externes en cas de surcharge, pour certaines parties de l’activité…
Les entreprises réalisent elles-mêmes les activités numériques qu’elles considèrent comme faisant partie de leur cœur de métier, pour lesquelles elles jugent prioritaire d’investir.
Avantages généraux possibles d’une réalisation en interne :
– liberté complète de l’entreprise pour gérer les effectifs de professionnels du numérique (affectation, formation…), les ressources matérielles mises en œuvre ;
– maîtrise de technologies, d’activités, de savoir-faire stratégiques, à forte valeur ajoutée, qui peuvent avoir un impact significatif sur les résultats de l'entreprise, sur son développement ;
– bonne connaissance du contexte de l’entreprise (clients, marchés, organisation interne...) par les professionnels du numérique ;
– pas de formalisme excessif entre les acteurs, culture d’entreprise, langue, objectifs communs, charge d’interface moins importante entre donneurs d’ordres, utilisateurs et professionnels du numérique ; absence de conflits d’intérêts induits par l'appartenance à des entreprises différentes ;
– réalisation des activités par des ressources dont l’entreprise connaît mieux les possibilités et les limites, plus grande facilité de contrôle de la qualité des activités réalisées, de la sécurité numérique ;
– meilleure protection des éléments numériques relevant du secret des affaires, pas de risque d’être concurrencé par le fournisseur de services.
Réaliser des activités numériques en interne de façon compétitive nécessite une structure ayant la taille critique, permettant de gérer dans de bonnes conditions les équipes de professionnels du numérique (formation, évolutions de carrière, maîtrise du turn-over...). Pour les activités de type projet, l’entreprise doit disposer en permanence d’un portefeuille de projets d’un volume minimum. Il est souhaitable d'évaluer régulièrement la compétitivité des équipes internes, et de la comparer à des références externes.
Cela nécessite notamment des effectifs minimum pour les activités critiques (résolution des dysfonctionnements graves, lutte contre les cyberattaques…). Pour certaines compétences, pour la maintenance des logiciels, un effectif trop faible est un facteur de risque pouvant être important.
Avantages généraux possibles d’un recours à des fournisseurs externes :
– mise en œuvre de technologies nouvelles, dont l'entreprise n’a pas l’expérience (ou pas encore, ou ne maîtrise que partiellement) ;
– plus de facilités pour un fournisseur de services externes à atteindre la taille critique dans un domaine, du fait de ses interventions pour plusieurs entreprises ; investissements en acquisition de compétences, en outils, en usines, amortissables sur des volumes d’activité plus importants ; meilleures performances d’équipes externes plus spécialisées ;
– gestion plus rigoureuse des charges de travail, établissement de « vraies » factures, possibilité de mise en concurrence ; moins d'application de la loi de la dilatation des gaz ;
– expérience plus étendue, plus variée, connaissance plus complète des technologies numériques ;
– possibilité de transfert de savoir-faire vers le personnel du client ;
– évolutivité, flexibilité, réactivité plus fortes, plus de facilité à absorber les pointes de charge, possibilité d'interventions ponctuelles ;
– relations client-fournisseur plus factuelles, pas d’impact de questions de politique interne de l’entreprise.
Beaucoup d'entreprises font par exemple, actuellement, réaliser par des fournisseurs tiers des activités relatives à l'IA pour obtenir des résultats plus rapidement.
Pour les entreprises cherchant à maximiser la rentabilité des capitaux investis, dans la chaîne de valeur des produits ou des services, les choix actuels semblent être la conservation en interne des activités numériques amont, « intelligentes » (R&D, conception…), à forte valeur ajoutée, et le recours à des fournisseurs externes pour les activités aval (exploitation des SI, fabrication des produits, maintenance, assistance…).
Idéalement, les fournisseurs de services de réalisation d’activités numériques devraient disposer en interne des compétences figurant à leur catalogue. Dans la pratique, ils confient parfois certains travaux à des confrères, notamment pour les grands projets.
Certaines parties des activités des donneurs d’ordres sont susceptibles d’être réalisées par des fournisseurs tiers, sous le contrôle de l’entreprise : définition des besoins, suivi des travaux, audit, recette, coordination des intervenants externes…Ceci est parfois souhaitable, par exemple pour des systèmes complexes, lorsque la charge de travail est excessive pour les responsables internes, pour bénéficier d’un regard extérieur...
La décision de réaliser en interne des activités de recherche numérique ou de les confier à des tiers dépend du domaine et de la taille de l’entreprise. Peu d’entreprises sont assez grandes pour avoir les moyens humains et financiers de constituer des centres de recherche ayant la taille critique. Les activités de recherche numérique sont le plus souvent réalisées par des organisations externes (universités, centres de recherche, consortiums d’entreprises…).
Ingénierie du logiciel, des produits numériques
La conception des logiciels standard est en général conservée par les éditeurs, qui considèrent qu’elle fait partie de leur cœur de métier. Il en est souvent de même pour celle des logiciels spécifiques, notamment si les entreprises estiment que cette activité est essentielle pour leur différenciation concurrentielle.
La réalisation des logiciels est souvent confiée à des fournisseurs externes spécialisés, parfois implantés dans d'autres pays.
La conception des produits numériques est rarement confiée à des tiers par les constructeurs : ils considèrent en général qu’elle fait partie de leur cœur de métier. La réalisation des prototypes est parfois sous-traitée.
Fabrication des produits numériques
Les constructeurs fabriquent eux-mêmes leurs produits numériques ou les font fabriquer par des fournisseurs externes, en totalité ou en partie. Les entreprises fabless se limitent à l’ingénierie des produits. Un choix possible est que le constructeur fabrique lui-même les têtes de série et confie à des tiers la fabrication de masse, une fois les processus de fabrication stabilisés.
Un des critères de choix est l’existence d’un nombre suffisant de fournisseurs de services potentiels, qui réduit le risque d’être dépendant d’une seule entreprise. Le tsunami de 2011 a fait apparaître que, sur le marché mondial, la fabrication de certains composants électroniques indispensables était concentrée dans un nombre d’entreprises beaucoup trop réduit, et installées dans le même pays.
Le recours fréquent à la fabrication externe des semi-conducteurs s’explique par le coût considérable des fonderies.
L’ingénierie, la maintenance, le déploiement, l’exploitation des SI, sont susceptibles d’être réalisés par des fournisseurs externes si leur réalisation en interne ne constitue pas une différenciation concurrentielle, ou si l'entreprise est trop petite pour pouvoir disposer de l’ensemble des compétences techniques, des moyens, de la taille critique nécessaires. Dans le domaine des services de télécommunication, par exemple, les petits et moyens opérateurs confient parfois les activités relatives à leurs réseaux en totalité à des fournisseurs externes.
Des services sont susceptibles d’être demandés à des tiers (par exemple des hackers éthiques) pour la découverte des défauts des produits et services comportant des éléments numériques, des vulnérabilités des SI. Des primes sont susceptibles de leur être offertes s’ils découvrent des défauts (prime aux bogues).
L’assistance numérique est souvent confiée à des fournisseurs externes pour des raisons de coût, de taille critique de l’équipe si l’entreprise décide de mettre en place un service réellement permanent (24/7) dans plusieurs pays. Elle est parfois confiée à de fournisseurs implantés dans des pays à niveaux de salaire moins élevés.
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