mardi 25 février 2025

Ressources nécessaires aux activités numériques

Des choix sont à faire sur les ressources nécessaires aux activités numériques retenues par l’entreprise : ressources humaines, matérielles et logicielles, données, connaissances, contributeurs internes, produits et services externes.

Elles sont dédiées à des entités ou communes à plusieurs entités. 

Les compétences numériques des entités de l’entreprise sont selon les cas à acquérir, à renforcer, à maintenir à niveau. Différentes actions sont envisageables pour cela : embauche de personnel, interventions de spécialistes externes, formation, diffusion des compétences internes, expériences, partenariats, acquisition d’entreprises extérieures…

Professionnels du numérique

L'entreprise a à définir les effectifs de professionnels du numérique dont elle a besoin, les compétences requises, les dates de disponibilité attendues.

1) Sur le plan quantitatif, ces définitions sont à effectuer pour de nouvelles implantations d'effectifs, ou des évolutions des effectifs existants. Le tableau ci-après présente les principaux profils concernés.

 

 

Activités

Profils

Ingénierie, maintenance
du logiciel

Chef de projet, responsable de maintenance, architecte logiciel, consultant fonctionnel, ergonome, concepteur, développeur

Ingénierie, maintenance
des produits numériques

Chef de projet, ingénieur d’études, ergonome, expert technique, technicien de maintenance

Ingénierie, maintenance
des SI

Chef de projet, architecte de SI, urbaniste, ingénieur système, réseau, intégrateur, technicien d'installation, de maintenance 

Déploiement des SI, de leurs éléments constitutifs

Chef de projet, consultant, formateur

Exploitation des SI, de leurs éléments constitutifs

Chef d’exploitation, technicien d’exploitation

Assistance aux utilisateurs

Responsable de l’assistance, techniciens support

Management du numérique

DSI, responsable de centre de services numériques, de réalisation d’activités numériques

Conception, mise en place, gestion des dispositifs de réalisation des activités numériques

Managers, ingénieurs spécialisés (processus, outils numériques…)

2) Sur le plan qualitatif, les personnes doivent avoir la formation nécessaire à la pratique de leur métier et aux principaux environnements techniques du marché, à tout ou partie des environnements techniques à connaître pour le poste au moment du recrutement, avoir fait des stages techniques.

Des choix sont à faire sur le niveau d’expérience attendu des personnes recherchées. Les activités numériques sont souvent réalisées par des personnes de différents niveaux d’expérience : un petit nombre de personnes très expérimentées, des personnes moyennement ou peu expérimentées. Certains grands employeurs privilégient un apprentissage « maison », et embauchent essentiellement des débutants.

Les managers, les architectes doivent avoir une formation, une culture, une expérience pluridisciplinaires.

Le CIGREF tient à jour une nomenclature des métiers des SI en France.

Les critères d’embauche des professionnels du numérique sont bien sûr des critères techniques, mais aussi les capacités d’évolution, d’innovation, d’anticipation, de communication vers les clients, les utilisateurs, la motivation pour acquérir de nouvelles compétences. Le sens du service est toujours primordial.

Les capacités techniques attendues comportent souvent un volet imagination, sens de l’innovation, et un volet industriel, par exemple pour la mise en œuvre de grands SI, auprès de nombreux utilisateurs, la fabrication des produits.

Compte tenu de la rapidité de l’évolution des technologies, les profils des candidats recherchés incluent fréquemment une forte aptitude au changement, à l’apprentissage de nouvelles technologies. L’aptitude, le goût du travail en équipe sont aussi fréquemment demandés.

Les concepteurs des ensembles matériels et logiciels doivent allier des aptitudes à l’innovation à des connaissances techniques approfondies, à l’expérience, au sens du concret qui permettent de faire aboutir les projets, de concevoir et de développer des ensembles fiables, qu’il est possible de maintenir dans de bonnes conditions, de fabriquer et de diffuser en nombre pour les produits. L'indépendance d'esprit permet de ne pas être trop influencé par les modes, les idées reçues.

Des compétences technico-économiques sont nécessaires pour évaluer correctement les coûts d’investissement et de fonctionnement pour les architectures définies, les activités à réaliser.

Parmi les capacités attendues des managers du numérique, on notera la gestion du changement, l’aptitude à susciter la confiance, la recherche d’idées nouvelles chez les collaborateurs, le souci de la rigueur technique nécessaire, de donner à chaque collaborateur un travail qui l’intéresse, la lutte contre la sclérose technique chez les collaborateurs.

Une question importante est celle du sentiment d’appartenance des professionnels du numérique. En dehors des entreprises du numérique, il arrive que ces professionnels se sentent par exemple plus informaticiens que banquiers, industriels, qu’ils « campent » à la périphérie de l’entreprise. Une telle situation nuit à la cohésion de l'entreprise, et nécessite des actions de leur part, ainsi que de celle du management général de l’entreprise.

3) Les métiers du numérique portent sur des sujets complexes. Même si les ensembles matériels et logiciels sont construits et maintenus selon les règles de l’art, sont bien documentés, si les logiciels sont lisibles, structurés…, leur prise de connaissance prend du temps. La compétence de l’entreprise, les connaissances, l’expérience accumulées, doivent être préservées.

Ensemble du personnel de l'entreprise

Les entreprises ont besoin que tout leur personnel ait un niveau suffisant de compétences numériques, associé aux compétences métier principales : managers, utilisateurs, commerciaux, équipes marketing, techniques, chercheurs, acheteurs, formateurs, data scientists, juristes

Les choix de politique RH dans ce domaine sont une des clés du succès des activités numériques. Les objectifs poursuivis sont quantitatifs et qualitatifs, sur la nature et le niveau de compétences numériques du personnel.

1) Le niveau minimum porte sur l’utilisation des outils numériques de base, la maîtrise des solutions numériques déployées dans l’entreprise, la sensibilisation à la sécurité numérique. Des difficultés sont susceptibles d’être rencontrées pour des outils sophistiqués.

2) Pour les acteurs de la transformation numérique de l’entreprise, notamment les dirigeants, le niveau attendu est beaucoup plus élevé. C'est le niveau nécessaire pour imaginer de nouveaux produits, services, processus, des solutions numériques, participer à leur conception, à leur mise en place. Le renforcement des compétences numériques de ces acteurs est souvent un facteur clé de réussite de la transformation numérique.

Les choix à faire pour atteindre le niveau nécessaire sont très liés à la stratégie définie pour l’entreprise. L’expérience semble montrer qu’une transformation numérique réussie est l’affaire d’un grand nombre de personnes dans l’entreprise, à tous les niveaux.

3) Les donneurs d’ordres pour les activités numériques sont les directions générales, les responsables métier, les services marketing, commerciaux. Ils doivent avoir des compétences et des connaissances dans le domaine du numérique, suffisantes pour définir des objectifs, des besoins, pour comprendre et évaluer des solutions, des propositions techniques et commerciales, choisir les principaux fournisseurs, et pour suivre les travaux, notamment sur le plan technique et financier. Pour les grandes opérations, des compétences pointues sont nécessaires, au moins équivalentes à celles de leurs interlocuteurs technico-commerciaux chez les grands fournisseurs de produits et services numériques.

Les professionnels qui participent aux activités numériques, comme les services achats, juridiques, commerciaux, qualité, sécurité, contrôle de gestion, les statisticiens, ont également besoin d’avoir des connaissances suffisantes dans ce domaine. Chez les analystes de données (data scientists), la maîtrise des technologies numériques du domaine est aussi importante que celle des statistiques.

La définition des fonctions des ensembles matériels et logiciels nécessaires à la réalisation des activités numériques dépend des choix de processus. Celle de leurs autres caractéristiques (fiabilité, disponibiité…) ne sont pas spécifiques.

Les outils logiciels sont généraux (pour le management, la gestion de projet, les achats, la gestion des RH…) ou spécifiques aux activités numériques.

Le tableau ci-après présente une approche macroscopique des connaissances utiles à la réalisation des activités numériques.

 

Domaine

Informations attendues

Technologies numériques

Description, utilité, disponibilité, maturité

Produits et services comportant des éléments numériques disponibles sur le marché

Fonctions, maturité, fiabilité, performances, références d’utilisation, prix, qualité, capacité, évolutivité, pérennité, sécurité, facilité de mise en œuvre, niveau technique, modalités d’utilisation, problèmes identifiés, associations d’utilisateurs

Fournisseurs de produits et services numériques

Catalogue, compétences disponibles, solidité, réputation, expérience de l’entreprise avec le fournisseur

Sécurité numérique

Risques, solutions envisageables. Veille sur les types d'actions malveillantes, auprès de centres spécialisés (CERT ou CSIRT).

Benchmarking

Positionnement de l’entreprise par rapport aux entreprises les plus performantes, solutions mises en œuvre, impact sur la compétitivité

Activités numériques

Démarches, méthodes pratiquées, processus définis, outils disponibles sur le marché, problèmes rencontrés, conseils pour des solutions

Expérience numérique de l’entreprise

Bilans de projet, informations sur le fonctionnement des SI, la réalisation d’activités numériques, les niveaux de qualité obtenus, les prix de revient

Le management du numérique, la conception des dispositifs de réalisation d’activités numériques, l’ingénierie numérique, s’appuient sur une connaissance suffisante des produits et services comportant des éléments numériques, des démarches, méthodes, technologies disponibles sur le marché, de leurs possibilités et contraintes techniques, des normes et standards. Des modèles d’architecture sont proposés par certains éditeurs de logiciels standard.

Certaines de ces données sont difficiles à obtenir, par exemple l’expérience constatée de la mise en place de produits et services numériques nouveaux.

Selon l’organisation retenue pour les activités numériques, des centres de compétences sont prévus pour fournir une assistance dans certains domaines. 

Des choix sont à faire sur les fournisseurs de ressources matérielles et logicielles, sur leur nature, leur nombre, leur niveau de responsabilité dans les activités numériques. Ils dépendent des offres du marché, des résultats des activités d’achats de produits et services comportant des éléments numériques.

Dans le domaine du numérique, certains fournisseurs sont des entreprises avec lesquelles il est souhaitable, voire nécessaire, de nouer des relations à moyen ou à long terme : des contrats de durée sont souscrits (maintenance des logiciels, cloud, infogérance…) ; dans beaucoup de cas, il est nécessaire d’avoir confiance dans le fournisseur pour des opérations importantes ; des fournisseurs font parfois partie des dispositifs de réalisation des activités de l’entreprise.

Un des résultats attendus de l’activité est de constituer un réseau de fournisseurs de confiance, à consulter, à conserver.

Une question importante est le nombre des fournisseurs. Le limiter permet de négocier des prix plus bas, d’assurer une relation dans la durée. C’est parfois contradictoire avec la recherche de compétences techniques pointues et rares.

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